Lors du premier entretien, votre thérapeute avait probablement insisté sur l’importance de la régularité des séances. Semaines après semaines, mois après mois, vous avez investi cette relation et l’espace de votre thérapie. Vos rendez-vous sont devenus des repères, voire pour certains une habitude rassurante. Alors comment réagir lorsque votre psy vous annonce qu’il part en vacances pendant plusieurs semaines ? Voire en congé maternité ! ou même en congé maladie… ?
Mon psy part en vacances...à la bonne heure !
Cela vous paraît sûrement compréhensible, que votre psy prenne des vacances. Mais il se peut qu’une partie de vous soit contrariée, voire angoissée par cette perspective.
Cependant, vous le pressentez peut-être, il existe de véritables vertus thérapeutiques à
l’absence de votre psy.
1/ L’éprouvé de la sécurité relationnelle
2/ Un expérientiel thérapeutique d’autonomisation psychique.
3/ L’humanisation de votre thérapeute
Par son absence, vous prenez conscience que votre thérapeute a une vie personnelle, un espace à lui.elle en dehors de son rôle de psy. Cela désacralise la place de votre thérapeute dans votre inconscient. Vous faites l’expérience qu’il n’est pas à votre disposition. Cela peut-être frustrant ; mais c’est surtout l’opportunité de ressentir qu’il n’est pas tout puissant dans votre vie. Autrement dit, c’est une façon de revisiter la frustration du petit enfant qui exige la totale disponibilité de son parent, lorsqu’il se sent impuissant sans lui.elle. Cette source de bien des dépendances se traverse aussi par cette expérience.
Lorsque le manque éprouvé se conscientise, c’est l’accès à toute une palette de créativité : l’impossible disponibilité de votre thérapeute va stimuler en vous de trouver d’autres stratégies pour répondre à vos besoins. C’est l’opportunité de mobiliser de nouvelles ressources. C’est l’occasion d’activer en vous ce que l’Analyse Psycho-Organique nomme vos “parents symboliques”. C’est-à-dire, d’incarner d’être un bon père et une bonne mère pour vous-même.
4/ Ayez confiance dans votre processus.
La thérapie ne se passe pas que lors des séances. Les séances sont des balises de déploiement, mais le processus continue entre les séances. Donc fondamentalement, votre thérapie ne se met pas en pause avec l’absence de votre thérapeute. Ce qui a été enclenché lors de votre premier entretien, lorsque vous avez formulé votre demande d’évolution, s’active au quotidien, bien au-delà de vos rendez-vous. N’ayez donc crainte, votre inconscient continuera le travail thérapeutique, plus ou moins consciemment !
Comment entretenir ma thérapie lors des vacances de mon psy ?
Voici quelques idées de pratiques que vous pouvez mettre en place pour continuer de nourrir votre travail psychique :
1/ Conserver un rendez-vous régulier avec vous-même.
Continuez d’investir un temps pour vous. Voire, si cela vous rassure, conservez votre créneau d’1h à l’heure habituelle de vos séances. A défaut, planifiez vous un temps régulier pour vous. Que ce soit un temps de méditation, de détente, de marche… Venir en thérapie c’est s’offrir un temps pour soi souvent sacré dans des vies bien remplies. Gardez cette bonne pratique à votre façon !
2/ Le pouvoir magique de l’écriture
Vous n’avez pas encore de carnet pour accompagner votre thérapie ? C’est peut-être
l’occasion de vous en procurer un ! Que ce soit pour y inscrire vos rêves, y noter vos
réflexions personnelles, ou bien encore y relater vos faits de vie marquants,.. écrire est une autre façon de laisser votre inconscient s’exprimer. Laissez votre main vous guider dans votre processus d’élaboration de vos pensées. Vous serez surpris de voir comment cela apaise et libère ! Les mots ne viennent pas ? Dessinez ! Cette habitude pourrait bien vous accompagner tout au long de votre vie par la suite, même quand vous aurez terminé votre thérapie.
3/ L’investissement thérapeutique
Lorsque vous vous engagez dans un travail thérapeutique, vous investissez du temps, et de l’argent. En cas d’absence prolongée de votre thérapeute, en plus de continuer d’investir du temps pour vous, pourquoi (ne) pas continuer d’investir de l’argent pour vous-même ?
Et si vous mettiez le montant de vos séances non réalisées dans une cagnotte pour vous offrir quelque chose de thérapeutique pour vous ? La guitare que vous n’avez jamais osé vous acheter, un stage de yoga, un séjour de thalasso,… tout est possible !
4/ Lâcher prise pour se laisser vivre
Vous avez tendance à tout analyser tout le temps depuis que vous êtes en thérapie ? Cela frise parfois à l’obsession ? Et si vous profitiez des vacances de votre thérapeute pour ne plus rien faire et juste vous laisser vivre ? Décrocher, ça peut aussi faire du bien 😉
Congé maternité ou maladie de mon psy : que devient ma thérapie en cas d’arrêt long de mon psy ?
Votre thérapeute comme tout être humain peut être amené à devoir s’absenter plusieurs mois. Que ce soit pour partir en congé maternité, ou maladie, ou autre motif personnel, cela peut bousculer votre travail thérapeutique. Ces arrêts ne sont pas pour autant une raison de clore le travail entamé. Il est en effet souhaitable que si votre thérapie doit s’arrêter, cela vienne de vous et non d’un fait de vie de votre psy. Que ce soit votre mouvement, votre élan. Que faire alors (en plus des conseils cités ci-dessus) ?
1/ Rédiger des points d’étape
Vous vivez une période mouvementée avec de multiples rebondissements durant ces mois d’absence de votre thérapeute ? Discutez-en avec lui.elle avant son congé si vous le pouvez. Vous pourrez par exemple être rassuré sur le maintien du lien en écrivant un email une fois par mois (ou autre fréquence bonne pour vous et pour votre psy) pour faire le point.
Votre psy n’y répondra pas, pour ne pas créer un nouvel espace et respecter son espace de pause professionnelle. En revanche, il.elle les lira avant de vous retrouver, lorsqu’il sera disponible, et aura ainsi pu suivre vos évolutions. Soyez brefs pour ne transmettre que l’essentiel, le but n’est pas d’y raconter votre journal intime mais bien de vous proposer un espace pour synthétiser les grands axes de votre évolution. Si votre thérapeute n’est pas favorable à ces envois, respectez-le ; vous pouvez toujours conserver cette pratique dans un carnet, comme si vous écriviez à votre thérapeute ! N’hésitez pas à y inscrire aussi ce que cette absence vous fait vivre / revivre.
2/ Prenez date pour son retour
Même si vos agendas respectifs sont incertains, prévoyez une date de séance pour son retour. Cela ne vous laissera pas dans le vide. 1 à 2 semaines avant il.elle pourra vous recontacter pour confirmer le rdv pris, ou le reporter si nécessaire. Mais au moins, vous avez une échéance de retrouvailles.
3/ Investir un autre espace “thérapeutique”
En principe, il n’est pas recommandé de démarrer une nouvelle thérapie pour ne pas ouvrir plusieurs processus en même temps. Il est cependant tout à fait envisageable de saisir l’opportunité de cette fenêtre d’absence pour explorer un autre axe d’évolution. Pourquoi ne pas profiter de ce temps pour réaliser un bilan de compétence ou un coaching thématique par exemple ? Ou un suivi du corps par un.e naturopathe, un.e diététicien.ne ?
Dans certains cas particuliers, cependant, votre thérapeute pourrait-être amené à vous recommander un.e confrère pour vous soutenir durant son absence. Du fait de la relation thérapeutique et des principes de transfert, cela ne saurait être un “remplaçant”. En outre, de part la confidentialité des séances, l’étanchéité entre ces 2 espaces sera de rigueur. Pour autant, un « intérim » peut s’envisager pour assurer une thérapie de soutien et aider à contenir ce qui a besoin de l’être pour vous.
Comment faire si j’ai besoin de mon psy pendant son absence ?
Pourquoi les psy n’ont pas de remplaçants ?
Vous en faites sûrement l’expérience : ce qui soigne, ce qui fait que votre thérapie “fonctionne”, c’est la relation thérapeutique. Un dossier de thérapie ne se transfère pas comme un dossier médical. Introduire un nouveau personnage dans le processus serait créer un nouveau transfert, de nouvelles projections. C’est le risque de perdre le fil de votre processus et de créer de la confusion.
En cas d’urgence :
A moins que votre psy vous ait explicitement autorisé à le contacter durant ses congés selon votre situation personnelle, l’espace de votre psy se doit d’être respecté. Pour autant l’indisponibilité temporaire de votre thérapeute ne doit pas vous mettre en danger ni même en grande difficulté. En cas d’urgence, vous pouvez
contacter :
- le 15, votre médecin traitant ou un/votre psychiatre en cas de crise d’angoisse importante,
- le 3114 le numéro de prévention du risque suicidaire où des professionnels spécialisés sauront vous écouter et vous accompagner,
- le CMP (Centre Médico Psychologique) le plus proche de chez vous où des consultations gratuites par des psychologues peuvent vous aider à traverser un cap difficile.
En conclusion, dites-vous que si votre psy s’absente de son cabinet, c’est plutôt une bonne nouvelle ! Il.elle incarne l’importance de savoir écouter ses propres limites pour se ressourcer, pour prendre soin de soi. Et c’est une règle essentielle pour prendre soin des autres ! A vous de vous en inspirer aussi !
J’ai trouvé votre article très intéressant et inspirant. On a en effet besoin d’être rassuré et de tirer le meilleur profit de son absence pour grandir. En thérapie depuis plusieurs années, j’ai bien compris que le travail ne s’arrête pas à la fin d’une séance. Je vous remercie pour vos bons conseils. Avant même de lire votre article, j’avais songé à tout cela afin de mieux vivre l’absence imprévue de mon psychologue. Ils viennent donc confirmer mes ressentis et mes progrès.Vos articles sont importants pour nous, ils nous aident. Continuez à les écrire.
Merci Fabienne de votre message et de vos encouragements. Je suis ravie que ces quelques conseils vous aient été utiles. Bravo pour vos intuitions et votre chemin.
Merci pour cet article, ce sujet très intéressant et abordé de manière synthétique mais complète.