L’Analyse Psycho-Organique & le mouvement dansé

Suis-je à l’écoute de mon corps ? Est-ce que je me sens présent(e) à moi-même ? Est-ce que j’aime ce corps qui me permet d’être au contact du monde, d’être en lien avec les autres ? Suis-je coupé(e) de ce que je sens ? Est-il douloureux de se mouvoir ? Que dit mon corps de mon histoire, de mon état d’être ?

La position, le mouvement du corps montre parfois un message inconscient en psychothérapie : il y a des manifestations en séance qui peuvent indiquer une thématique à explorer chez le patient. Le corps, c’est une posture, un tonus, une attitude, des os qui s’articulent avec une cadence et une énergie unique : « Tout est langage » (F. Dolto).

Le langage du corps en Analyse Psycho-Organique (APO)

Le langage non verbal, dans ce qu’il manifeste, dévoile notre intériorité, délivre ses vérités. Notre corps est porteur de notre histoire. Il donne accès et ouvre un chemin vers des problématiques inconscientes. Parfois quand le langage des mots ne suffit plus pour exprimer ce qui est au plus profond de notre être, le mouvement peut venir soutenir le changement et la transformation.

Le corps est le lieu de notre expression singulière, d’une connexion avec nos affects, une façon de se relier à son instinct, d’être au contact de ses sensations. Notre cerveau tout comme le reste de notre corps est en grande partie façonné par ce que nous vivons et ce que nous avons vécu. Le corps est le terrain où se joue toutes les tragédies, chacune de ses cellules retient jusqu’au dernier fragment tous les événements qui s’y sont produits. Toutes les émotions bien ou mal digérées y sont imprimées. Le thérapeute en APO observe ce que dit le corps, ce qu’exprime sa façon de se mouvoir. Il intervient pour mobiliser la personne dans ses sensations, perceptions afin qu’elle puisse se relier à son organique profond.

Le mouvement comme inducteur et vecteur de la libération émotionnelle

Dans le versant analytique de l’APO, le thérapisant passe par le langage verbal pour se représenter et donner du sens aux situations passées. Nommer par la parole n’est qu’une étape de libération dans le processus de thérapie. Il arrive parfois que le nœud, le blocage, soit hors d’accès, il ne peut pas être mis en mots. 

Inviter alors le mouvement dans le processus du thérapisant, c’est l’aider à entrer en contact avec la charge émotionnelle bloquée. En Analyse Psycho-Organique nous reconnaissons cette charge comme une énergie résiduelle, celle qui demeure imprimée en soi. Une image immobile, un mot coincé dans la gorge, un corps figé, le souffle coupé, une réaction corporelle sont l’occasion d’une exploration par le mouvement.

Inviter le thérapisant à mettre en corps une posture, un micromouvement singulier, une respiration amplifiée aide à trouver un chemin de libération de cette charge. Aussi, le thérapisant se décolle-t-il de l’objet et de la situation qui le tourmente. Il est le créateur dans son processus de transformation.

Le mouvement dansé pour accéder à la transformation des mémoires

Le mouvement donne de l’existence à son vécu psychique en passant par le corps, pour donner du sens à l’expérience vécue. L’expression libre du geste met en forme notre essence la plus profonde, notre intimité. Lorsque le chemin de la libération a pu être senti et l’émotion libérée, il est possible d’imaginer ce que nous aurions aimé vivre dans cette situation qui a créé un blocage en soi, nous parlons alors d’énergie conséquentielle.

Il est alors possible de laisser à son corps la liberté de se mouvoir pour sentir une nouvelle énergie, sa puissance de transformation ; de mettre du rythme dans son mouvement, de le faire circuler, se déplacer dans l’espace, faire grand petit, varier l’intensité du geste, et le répéter. Il existe une multitude de possibilités pour créer une nouvelle empreinte corporelle.

Le mouvement permet de se reconnecter à son énergie vitale, de retrouver sa créativité, sa capacité à rayonner. Une énergie engagée par le thérapisant dans sa gestuelle donne de la puissance au processus thérapeutique. « C’est la personne dansante qui se guérit en laissant le mouvement agir en elle » (in, Je danse donc j’existe, de Catherine Maillard). Il n’y a rien à faire, seulement à laisser être.

Fermer les yeux, danser et ressentir ce qui est là, pour donner une nouvelle mémoire corporelle à son histoire.

Cet article a 7 commentaires

  1. Petit-Lizop Elisabeth

    Bravo, merci pour ton texte, chère Céline !
    Et, par l’écriture, par l’accompagnement individuel ou en groupe, belle suite d’exploration du mouvement qui libère, de la danse qui délie et relie !

  2. TOCQUET Marc

    Comme cela parle bien de l’APO ! Bravo pour ce très beau texte. Vive le geste qui exprime, le mouvement qui délie et ouvre de l’espace à du nouveau !
    A quand un article dans la revue, Céline ?

    1. Un plaisir d’écrire ce texte et de contribuer au partage d’expérience. Un nouvel article à méditer. Merci Marc

  3. Merci Céline pour ta précieuse contribution.
    C’est inspirant, créatif et profondément organique.
    À nos danses en Vie, à nos corps déliés et reliés.

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