Transgénérationnel et APO

A l’occasion des journées du patrimoine, PSY APO propose d’explorer le thème du patrimoine familial transmis, et ce à travers la dimension transgénérationnelle. Ce puissant outil utilisé en Analyse Psycho-Organique permet de sentir et de comprendre ce qui nous a été légué et ce dont nous avons hérité, de façon consciente et inconsciente.

La notion de patrimoine en Analyse Psycho-Organique

La notion de patrimoine revêt différentes définitions. Même si l’on a tendance à définir le patrimoine comme une transmission de biens mobiliers, immobiliers, financiers et professionnels, hérités de ses parents, le patrimoine est, en réalité, bien plus que cela. Il s’agit aussi de liens psychiques entre les membres de la famille et leurs ancêtres, de valeurs, d’éthique, de contrats familiaux inconscients, de vision de vie, de traumatismes, de récits qui peuvent masquer des secrets de famille, l’existence de fantômes. C’est bien un patrimoine multiple, parfois lourd et caché et auquel nous n’avons pas forcément et facilement accès consciemment, que l’on a reçu en héritage.

Les impacts des transmissions sur les générations suivantes

Les effets de ces transmissions inconscientes, de ces mémoires, qui peuvent être traumatiques, produisent des effets délétères sur les générations suivantes. Si l’on ne fait pas la lumière sur tout ce qui nous a été transmis, il peut être difficile de trouver sa juste place pour soi et devant le monde.

Par exemple, lors de la « fabrication d’un secret de famille », à la 1ere génération, c’est l’indicible, parce que c’est la honte ; à la seconde génération, c’est l’innommable et à la 3eme génération c’est l’impensé. Tout le monde a su, puis tout le monde s’est tu en emportant ce secret dans la tombe, mais la trace du secret subsiste et suinte par tous les pores de la peau de la famille. Il peut même arriver que parfois le corps des descendants parle alors à l’insu de leur pensée.

La famille, les ancêtres transmettent aussi des interdits, des loyautés invisibles, des dettes morales. Nous vivons tous avec cela, et nous y obéissons malgré nous. C’est grâce à un travail sur sa généalogie qu’il sera possible de les reconnaître puis de s’en affranchir, de s’en libérer et ainsi de faire de nouveaux choix.
Ne pas explorer son transgénérationnel, c’est comme se refiler de générations en générations la patate chaude, ou encore « une grenade dégoupillée », comme le souligne Bruno Clavier dans son ouvrage Les fantômes familiaux.

Il s’agit de comprendre ici toute la dimension inconsciente que nous partageons avec nos aînés, de prendre conscience de cet inconscient familial et du nôtre individuel. Cela aide à sortir des phénomènes de répétition.

Le Transgénérationnel et la construction de son arbre psycho-généalogique

Travailler le transgénérationnel, c’est élaborer son arbre psycho-généalogique. Le patient dessine son arbre et outre les éléments factuels, comme Ies noms, les prénoms, les dates de naissances et de décès , il y indique les fausses couches, les avortements, les lieux, les types de relations interpersonnelles, les métiers, le rapport à la religion aussi éventuellement…. Il est aussi possible de l’angler sur une thématique comme par exemple sur ses lignées féminines ou sur la violence dans sa famille. Ou encore “faire parler” les aïeux sur leur rapport à l’argent. Une attention particulière sera aussi portée aux manques, aux oublis des noms, à nos méconnaissances, aux répétitions de dates, de prénoms, de métiers.. Parce que ces oublis et ces répétitions « parlent » aussi !

La construction de son arbre éclairée par des outils APO

Au moment de la construction de son arbre, des images, des situations, des phrases, des ressentis corporels peuvent émerger chez le patient. Les outils utilisés en APO sont une aide précieuse à la création de l’arbre.

• L’APO utilise la respiration. Elle permet de mieux sentir son corps. Grâce au corps, le patient accède à sa propre vérité. Comme un baromètre ou une boussole, ses ressentis lui permettent d’accéder aux liens qu’il se reconnaît avec tel ou tel aspect de son arbre, qu’il en connaisse ou non l’histoire. Par exemple, le patient peut connaître objectivement un fait dramatique de son arbre, mais réaliser que celui-ci ne le touche pas autant, corporellement, que cette mystérieuse tante dont on ne parle jamais et dont la seule évocation lui glace le sang.

• Les rêves éveillés dirigés : ces supports de voyages imaginaires , élaborés par les Analystes psycho organique, permettent de placer le patient dans une organisation puissante d’images qu’il va lui-même créer, et ce à partir d’une proposition thérapeutique, en lien avec sa problématique. Ces images, reflétant l’inclinaison inconsciente de leur psychisme, vont déclencher des souvenirs ainsi qu’une chaîne d’associations qui sera traitée et élaborée pendant les séances. Avec la pratique du rêve éveillé, le patient résout des conflits intrapsychiques tout en dynamisant le dialogue conscient-inconscient ; le patient rencontre sa richesse intérieure et sa force créatrice, source de plaisir et de joie de vivre. C’est pour ces raisons là que dans le cadre de séances sur la construction d’un arbre psycho-généalogique, les rêves éveillés précèdent la création de cet arbre.

• Les « phrases-signatures » : elles reflètent la philosophie de nos parents, de nos grands-parents et de nos arrières grands- parents ; elles précisent ce qu’ils ont dit à la vie, et ce qu’ils nous ont dit personnellement… Comprendre dans quel contexte ces phrases ont été prononcées permet de se détacher de ce qui a été transmis.

• Les contrats familiaux inconscients : ces contrats, ces injonctions inconscientes que nous sommes, inconsciemment, tenus d’honorer, peuvent aussi trouver leur place et être inscrits dans l’arbre généalogique.

Rappelons ici qu’un tel travail d’exploration de son propre héritage s’accomplit dans le cadre d’une psychothérapie.

Pour aller plus loin, quelques ouvrages
« APO, La revue de l’Analyse Psycho-Organique », n° 1 – La naissance, Octobre 2022
Bruno Clavier, Les fantômes familiaux, Petite Bibliothèque Payot , 2014
Anne-Ancelin Schutzenberger Aïe, mes Aïeux ! , DDB, 2015

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