Qu'est-ce que l'oniomanie ?
Étymologiquement issu du grec Onios (à vendre) et de Mania (folie), l’oniomanie se définit par le besoin frénétique d’acheter.
C’est le psychiatre allemand Emil Kraepelin qui, en 1915, propose ce terme pour définir ce trouble obsessionnel compulsif.
Ce trouble de l’achat est considéré comme une « addiction comportementale » qui toucherait entre 3,4% et 6,9% de la population en Europe, selon l’Institut Fédératif des Addictions Comportementales (IFAC). En France, ils seraient 5% à 16% à en souffrir.
L’oniomanie, une addiction comportementale
L’oniomanie est caractérisée par un comportement excessif et des besoins incontrôlés de faire des achats et des dépenses, dite « addiction comportementale ».
Cette addiction comportementale est un trouble obsessionnel compulsif de l’achat. Comme toute addiction, elle a une fonction inconsciente : celle d’éviter, voire de contenir une émotion négative ou de chercher à générer une émotion positive dans l’immédiateté.
La personne cherche à combler un vide inconscient, un besoin pressant de remplir un manque non identifié par l’achat, ce qui apaise l’émotion négative ou permet de rechercher du plaisir dans l’achat compulsif, impulsif, émotionnel ou fanatique.
Quels symptômes ?
Les symptômes de ce trouble surviennent comme en réponse à une forme de lutte inconsciente contre des tensions psychologiques et des angoisses incontrôlables. Ils se déclenchent à l’apparition d’une émotion négative telle qu’une intolérance ou une frustration et cherchent à la transformer en une émotion positive immédiate telle que la consolation, l’apaisement, la récompense.
Lorsque ce trouble se manifeste, l’état est modifié ; il s’active dans les zones du cerveau associées à l’émotion et à la récompense. C’est à ce moment que le cortex préfrontal a des difficultés à exercer son pouvoir de contrôle et d’inhibition.
La compulsion s’active et une multitude d’émotions apparaissent, passant de la phase d’euphorie engendrée par l’excitation, l’obsession et la satisfaction qui rapidement dériveront à la phase dépressive avec un ressenti de culpabilité et de honte.
L’achat compulsif est souvent associé à une difficulté d’accueillir ses émotions telles que la culpabilité, la colère, la frustration, le découragement, le manque de plaisir, la déception, la tristesse…
La compulsion transformera alors l’émotion négative en émotion positive (excitation, satisfaction, joie, plaisir, puissance…). Malgré cela, le circuit infernal reprendra après un court instant de pause et d’apaisement, laissant place alors au sentiment de culpabilité, de honte, de perte de confiance, de peur, de tristesse, de déception… Cela créera de nouveau une émotion négative que la personne ne pourra gérer autrement que de refaire un nouvel achat, répétant alors ce même cercle infernal.
Source : Magali Bours
Quelles causes ?
Ce trouble est souvent associé à d’autres troubles que l’on rencontre dans des épisodes maniaques ou hypomaniaques des troubles bi-polaires, pouvant aller jusqu’à la dépression. Il est précieux d’évaluer l’origine de ce symptôme afin de trouver le traitement et l’accompagnement thérapeutique le plus adapté.
Troubles associés
– Troubles anxieux,
– Troubles compulsifs alimentaires (TCA)
– Troubles de l’humeur (BI-POLARITE)
– Troubles de la personnalité
– Cleptomanie
– Tentatives de suicide
– Polyaddictions.
Comment se soigner de cette addiction ?
Soigner cette addiction est possible, il est important de prendre les mesures d’un bon accompagnement, nécessitant impérativement un suivi psychothérapeutique afin d’évaluer le degré de gravité de ce comportement.
Un accompagnement permettra à la personne de trouver un espace de confiance pour poser et déposer son histoire afin d’aller à l’origine même de ce trouble pour le comprendre, le réparer et le transformer.
Certains troubles nécessitent un accompagnement médicamenteux prescrit par un psychiatre tels que des antidépresseurs (régulateur d’humeur) qui réguleront la perturbation du système de neurotransmission impliquant la sérotonine, la dopamine ou les opioïdes.
Il est aussi conseillé de participer à des groupes de soutien comme les débiteurs anonymes (https://debiteursanonymes.org), de participer à des groupes de paroles dans des associations.
Comment l'Analyse Psycho-Organique (APO) permet-elle de se libérer de l’oniomanie ?
L’APO est une méthode qui est consacrée aussi bien au travail analytique (psyché) qu’au travail sur l’expression émanant du corps. Sa particularité consiste à permettre l’alliance entre ces deux moyens d’expression en utilisant les ressentis, les sensations ainsi que les images et les mots (outils APO).
Les troubles de l’achat n’étant pas toujours conscients, l’APO facilite la prise de conscience de ces troubles.
D’autre part, cette méthode permet à la fois d’établir le lien avec le vécu personnel mais aussi de comprendre à quel moment dans son histoire les mécanismes de ce cercle infernal se sont installés.
Cette double analyse (la mise en place des troubles et de ce qui les provoque) favorise l’accès au sens que prend ce comportement symptomatique lié à l’achat compulsif, ce qui aide à l’apaisement de la souffrance suscitée par ces troubles, puis à transformer progressivement son propre comportement face aux achats.
La thérapie en APO rend possible la libération de cette addiction comportementale. Il est précieux de prendre le temps de s’accueillir avec son histoire.
Magali Bours.
