Le statut du symptôme

La douleur psychique, le désordre humain, la folie sont universelles, de formes multiples mais relativement codés par la culture. Depuis que les cultures et les langues humaines existent, leur témoin, le symptôme est un signifiant qui appelle interprétation et intervention.

Le symptôme dans nos sociétés

Dans les sociétés traditionnelles, concevant des mondes multiples, le symptôme est l’expression du monde invisible, celui des esprits, et l’action thérapeutique une procédure de négociation avec l’esprit qui possède le malade.

Dans les sociétés modernes, l’invisible est constitutif de la personne. C’est une partie d’elle- même qui lui échappe, conçue sous des formes diverses selon les théories, inconscient freudien ou neuronal, non-conscient qui cherche à se réaliser, dissociation traumatique et bien d’autres propositions encore. Ici, l’action thérapeutique est une procédure qui initie la personne à négocier, à créer, avec les invisibles de son monde interne.

Le symptôme dans le domaine thérapeutique

Considérant le domaine de la psychothérapie au regard de cela, il n’est pas étonnant de constater qu’il existe de par le monde et les civilisations des centaines de psychothérapie avec leur part de réussite et d’échec et qu’on ne saurait trouver d’arbitre pour délimiter quelle guérison relève d’une bonne raison et celle qui n’en relève pas.

Cependant, chaque forme ou méthode de psychothérapie se distingue bien de l’ensemble des autres et pour cela elle doit caractériser les principes qui la constituent et qui lui permettent d’organiser la lecture du symptôme. Mais elle doit aussi préciser les modalités techniques (cadre, outils) permettant d’agir thérapeutiquement.

Dans des articles précédents relatifs au symptôme, à la relation thérapeutique et à l’éthique, j’ai affirmé de façon répétée que ce qui fait méthode est la cohérence entre le système conceptuel d’interprétation du symptôme et la modalité technique de traitement de ce symptôme. Théorie et cadre d’intervention sont indissociables. Ainsi, à une théorie du transfert correspond un « setting » saturant ce dernier par l’absence du regard et la multiplicité des séances. À une théorie de l’émotion correspond un cadre technique stimulant la mise en charge organique et l’expression.

Ce que revendique le clinicien, un savoir issu de sa pratique et de celle de ses pairs, reste un savoir relatif construit par le cadre d’observation.

Efficacité thérapeutique

Les études sur l’efficacité des psychothérapies montrent que le facteur relationnel (empathie, chaleur relationnelle, encouragements…) est plus important que le facteur technique propre à la méthode utilisée. Mais il est nécessaire d’ajouter que la dimension relationnelle se déploie sur le fond de la méthode thérapeutique pratiquée. Elle donne à la relation appui, forme, limite, cadre, intention thérapeutique sans lesquels il ne peut se concevoir de méthode thérapeutique.

Ainsi, chaque méthode de psychothérapie constitue un mode d’être, de présence à soi et à l’autre, au travers de valeurs, de récits, de techniques permettant d’accueillir thérapeutiquement, la souffrance, le symptôme, lui donnant un statut.

Chaque méthode de psychothérapie est un microcosme qui, pour ne pas périr, se doit de s’enrichir au travers d’écrits, de recherches, de journées d’études faisant l’exégèse des fondamentaux de la méthode, valeurs et conceptions en les confrontant à la réalité du terrain.

L’analyse Psycho-Organique, un pari transformationnel

De son côté, l’Analyse Psycho-Organique (APO) développe une approche psycho-corporelle à partir d’une synthèse originale des psychanalyses et des abords humanistes existentiels. Au travers de la notion d’impulse primaire, elle considère différents systèmes de motivation primaire que sont, le besoin de sécurité, la recherche de contentement, le besoin d’intersubjectivité, les nécessités adaptatives (micro et macro régulation).

Pour l’analyste psycho-organique, la souffrance, le symptôme exprime une problématique dans l’un ou plusieurs de ces systèmes de motivation primaire.

En APO, l’exploration des situations conscientes ou non conscientes qui animent le monde intime du client, à partir de sensations, des sentiments, d’images, de mots, vise à subjectiver la douleur, celle de ce qui est ou était essentiel pour la personne et qui n’a pu advenir. Ces besoins, ces désirs non réalisés concernent diverses périodes de sa vie. L’actuel donc l’adulte mais aussi le passé de l’adulte, l’adolescent, l’enfant, le bébé voire le fœtus, parfois le transgénérationnel.

Cela crée un chemin d’exploration et de rencontre intime avec soi, un processus qui redynamise les systèmes de motivation primaire vers de nouveaux investissements mieux ajustés aux besoins et à la réalité de la personne.

La mise en œuvre de cette intention thérapeutique est portée par la présence empathique, vivante de l’analyste psycho-organique avec l’aide des outils de sa méthode APO qui donne support à l’exploration intime du client.

Cet ensemble constitue le pari transformationnel de l’APO.

D’un point de vue psychopathologique, l’APO est particulièrement indiquée pour le spectre large des troubles anxiodépressifs et des états limites.

D’un point de vue existentiel, l’APO stimule une ouverture du champ de conscience établissant la souveraineté de soi, celle de l’autre. Son éthique n’est pas le soutien à l’individualisme qui isole mais, au contraire, l’appui à l’individu en relation dans la coexistence.

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